mai 20, 2024

L’emprise du téléphone portable dans ma vie par Hillary

Dès l’âge de 12 ans, comme la majorité des pré-ados qui entrent au collège j’ai acquis un téléphone portable. À la base, ce dernier me servait à être joignable auprès de mes proches, me permettait de gagner en autonomie ( pouvoir faire des sorties avec des amis et tenir au courant mes parents, pouvoir appeler seule…).

Comme nous le savons aux alentours des années 2014/2015, les réseaux sociaux commencent à prendre de l’ampleur avec l’évolution des smartphones. Bien évidement tous les jeunes ayant un téléphone portable les installent.
Pour ma part, j’obtiens un téléphone tout pile à cette période, au départ c’était innocent, des messages par ci et là, quelques minutes sur les réseaux sociaux. Mais avec le temps cette utilisation s’est transformée en une obsession et a contribué à nombreux de mes échecs qui persistent encore aujourd’hui et auxquels j’essaye de remédier.

Dès le réveil, les notifications du matin devenaient un rituel incontournable, je me jetais sur mon téléphone avant même de dire bonjour au monde réel qui m’entoure.

La procrastination, quant à elle, s’est infiltrée dans chaque recoin de ma vie. Les moments qui devaient être consacrés à des tâches importantes étaient systématiquement détournés par l’attrait irrésistible des applications et des jeux sur mon téléphone. Les projets scolaires stagnaient, et les ambitions personnelles étaient exilées à un coin obscur de ma conscience, toujours reportées à « plus tard ».

Durant mon année de seconde, je venais d’arriver dans mon lycée de secteur, ou il n’y avait aucun de mes amis de collège. J’étais très fermée à l’idée de me faire des nouveaux amis, vu la réputation de celui-ci. J’étais donc dans ma bulle sur mon téléphone, je parlais sans cesse à mes amis via mon téléphone étant donné que c’était vraiment le seul outil qui me permettait d’entretenir nos relations. Je m’étais renfermée et j’étais ainsi devenue addict a un animé, Naruto. Chaque temps libre que j’avais était soit pour parler à mes amis, soit pour regarder Naruto.

Bien entendu cette utilisation quotidienne sur mon téléphone n’était pas sans conséquences, j’ai manqué de ne pas passer de justesse en première générale avec mes résultats très peu satisfaisants, suite à une implication scolaire moindre.

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Les choses que j’aimais se sont retrouvées en retrait. La lecture, la musique, l’écriture, toutes ces activités qui nourrissaient mes centres d’intérêts ont étés mises en second plan. Tellement addict à mon téléphone, que celui-ci a contribué à ce sentiment de flemme et de procrastination. Il est devenu un puits sans fond de divertissement superficiel, absorbant le temps que je pourrais consacrer à des activités authentiques qui me définissent réellement.

La véritable ampleur de l’échec était claire : j’avais laissé un écran lumineux régir ma vie au lieu de la vivre.

Au deuxième semestre de la seconde je me suis prise une claque par le conseil de classe, si je n’avais pas 15 de moyenne en physique chimie au troisième semestre, je ne pouvais pas aller en première générale dans les spécialités scientifiques que j’avais choisies. J’ai toujours aimé les sciences et il était hors de question que j’aille dans une autre spécialité. En comprenant l’enjeu, j’ai tout de suite compris que le problème était mon téléphone.

J’ai alors supprimé les réseaux sociaux et toutes les autres applications de divertissement et je me suis mise au travail.
J’ai développé des relations amicales au fur et à mesure avec des personnes de ma classe, j’ai ainsi progressé en sciences et j’ai obtenu mon passage en première avec les spécialités que je voulais.

J’ai réinstallé les réseaux sociaux dès la fin d’année et encore une fois malgré la leçon, mon addiction à cet outil n’a pas été évincée.

Contrairement à cette première année de lycée je commençais à prendre conscience de ce problème. Il n’était pas bénéfique pour moi, il affecte mes relations sociales, ma motivation pour l’école , il contribue à ma procrastination…

Même si je prenais conscience de l’impact que le téléphone avait dans ma vie, j’ai longtemps été dans une phase de déni ou je pensais que le problème allait s’arranger avec le temps et tout seul.
C’est un problème qui me touche a long terme car aujourd’hui encore il n’est pas résolu, cependant, j’essaye de mettre en place des choses pour y remédier.

J’ai commencé à sortir de ce déni petit à petit, en voyant que scolairement ça n’allait pas, que je ne prêtais plus attention à mes intérêts personnels, que ma foi religieuse était en baisse, la relation avec mes parents qui se dégradait parce que j’étais tout le temps dans ma chambre sur mon téléphone…

J’ai donc alors débloqué un objectif qui était de devenir indépendante de ce téléphone portable et consacrer mon temps à des choses plus vraies et proches de la réalité.

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Lorsque je rentre de l’école, je m’autorise généralement à rester sur mon téléphone pour faire une pause de ma journée avant de me mettre à réviser. Malheureusement, ce n’est plus une pause car elle ne finit pas et il arrive souvent, que je finisse ma soirée sur mon téléphone et toujours sans n’avoir révisé. Cependant, même les fois ou j’arrive à me mettre au travail, mon téléphone est une distraction. Je le touche sans arrêt et cela affecte ma productivité et ma concentration.

J’ai décidé alors de mettre plusieurs choses en place, retirer toutes les notifications sur mon téléphone, mettre en place un temps d’écran limité et je me à mettre mon téléphone dans une autre pièce.
Ces actions mises en place ont fonctionné mais que sur la période où j’ai commencé à les mettre en place, avec le temps je me suis habituée et ça n’a pas changé grand chose, autrement il faut que je me résonne seule pour y décrocher pour de bon, mais se combattre soi est difficile.

C’est un travail que moi-même je mets en place, je m’auto-interdit certaines choses, parfois je me mets des coups de pression en exagérant les conséquences possibles.

Ma relation avec la religion en a également souffert. Les moments de réflexion, de prière sont de plus en plus rares. Je remets toujours à plus tard le moment où je dois avoir une connexion spirituelle car je regarde une vidéo qui me parait intéressante, ou parce que je regarde une série.

Autrement, je peux justement être dans un moment spirituel et être distraite par mon téléphone, ou par mon manque de concentration.

Autre qu’une relation spirituelle, la relation avec mes parents a été dégradée, dès que je rentrais des cours, je m’enfermais dans ma chambre et je naviguais sur mon téléphone toute la soirée. Les discussions étaient raccourcies, et je négligeais les moments que je passais avec eux.

Maintenant, dès que ma famille est à la maison, j’en profite pour laisser mon téléphone et discuter avec eux, il arrive que parfois nous avons rien à nous dire et que chacun est à ses occupations personnelles mais dans ce cas, même si je suis sur mon téléphone je reste quand même auprès d’eux « pour limiter les dégâts ».

En revanche, dans n’importe quelle relation sociale, lorsque je communique avec des personnes et que je ne maîtrise pas un sujet ou qu’une personne ne maîtrise pas un sujet, au lieu d’aller chercher sur internet je fais en sorte d’échanger avec la personne afin de comprendre ou qu’elle comprenne.

Pour ce qui est de mon rapport à la religion j’essaye de trouver un temps chaque jour afin de m’y consacrer. Cependant, ce n’est pas facile, c’est quelque chose de très important pour moi mais, le téléphone prends toujours le dessus et me fait toujours remettre à plus tard ces moments là. En réalité, c’est plus compliqué que cela mais, c’est une des causes qui la dégrade.

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Par ailleurs, j’ai environ deux heures de transport quotidien, et maintenant, au lieu d’être sur mon téléphone, j’en profite pour faire quelque chose que j’aime, de la lecture. Cependant, ce n’est pas systématique, c’est quelque chose que j’essaie de mettre en place pour remplacer mon téléphone, mais encore une fois cela est compliqué car j’ai beau avoir mon livre dans mon sac, la tentation du téléphone est plus forte.

Pour me dissuader d’utiliser mon téléphone, j’avais mis en place une application qui permettait aux applications de mettre 10 secondes à se déverrouiller. Ça me dissuadais d’utiliser les utiliser. Au début, ça fonctionnait bien mais j’ai fini par désinstaller la fonctionnalité car lorsque j’avais besoin d’accéder à une plate-forme assez rapidement c’était embêtant. Sinon, je désinstalle de temps en temps les réseaux sociaux, mais je fini toujours par les réinstaller… et le problème est toujours le même.

Je me suis également inscrite à la salle, afin d’optimiser mon temps, c’est à dire me consacrer a une activité physique au lieu de rester sur mon téléphone à ne rien faire. C’est aussi un test pour moi, c’est à dire, voir s’il est possible de m’en tenir à mes objectifs et mes engagements. Puisque pour moi, le téléphone est un réconfort constant dans les moments d’ennui, de stress ou de tristesse et j’aimerai bien remplacer cela.

J’ai vraiment pris ces décisions depuis que je suis rentrée au BUT, j’essaye de maîtriser réellement l’utilisation de celui-là et de m’investir pleinement dans de que j’ai entrepris. J’essaye de l’utiliser à bon escient, je regarde des vidéos sur le développement personnel, j’en profite pour faire de la photographie, me renseigner sur l’actualité, découvrir des innovations, regarder des documentaires, etc, et non, « trainer » sur des futilités.

Je suis selon moi toujours dans cette situation d’échec car même si j’ai pris conscience des effets que le téléphone a sur ma vie, chaque solution que j’ai trouvé pour l’instant, est toujours temporaire, je fini toujours par replonger dans ce fléau. Étant donné que c’est un outil mondial, et qu’il est « indispensable » à notre mode de communication dans le monde d’aujourd’hui, il est difficile de s’en détacher. Je sais que je vais finir par être indépendante de cet outil, de que je finirai par me rapprocher de la réalité sans que celui-ci dicte ma vie mais cela va demander de s’adapter et de s’habituer à une utilisation réduite du téléphone portable.

Je suis fière de m’en être rendue compte et de faire des efforts pour y remédier car je sais que si ça n’était pas le cas beaucoup d’opportunités me seraient passées sous le nez.