août 25, 2022

Donatien > Ma « 1ere montagne » en tant que chauffeur

A la suite de mon échec concernant mon BTS Assistant de gestion, j’ai pris une décision radicale : j’ai tout simplement décidé de rentrer dans la vie active. Ce fut un grand chamboulement : en tant que jeune, le basculement avec la vie professionnelle était comme un saut dans l’océan déchainé. Mais, comme souvent, il y eut un 2e choc : à cet instant j’ai également décidé de quitter le cocon familial… et d’affronter la vie réelle avec toutes ces incertitudes. Troisième rupture (pourquoi faire simple quand on peut faire sophistiqué…), je décidai de déménager de Metz pour Paris… et comme on dit de chercher les opportunités à la Capitale. Cette triple décision fut donc un tournant important dans ma vie, et le début, intense, de ma vie d’adulte.

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Echec scolaire, nouveau départ, nouvelle ville, telle était ma situation… et presque le couplet d’une chanson. Pas le temps de fredonner, j’ai du vite décrocher de quoi gagner mon pain quotidien. Premier job : un poste de chauffeur-livreur, un métier que je savais très difficile… et qui englobe d’ailleurs beaucoup d’idées préconçues. A ce titre, cette expérience a été de loin la plus marquante. 

Au moment d’écrire cet article, je me souviens encore de mes premiers jours de tournée en plein hiver : je devais faire face à plusieurs difficultés comme mon manque d’expérience en conduite, car je venais tout juste de décrocher mon permis de conduire. Pas évident de faire ses preuves de jeune conducteur sur Paris !

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Les premiers mois ont été difficiles psychologiquement, mais je devais tenir hors de question d’abandonner. Cet état d’esprit que j’avais développé en amont fut primordial, car je me servais de cette détermination dans chaque situation à laquelle j’étais confronté. Il y avait un peu de ninja en moi. Si c’est un métier de contact, le relationnel n’est pas toujours à la hauteur des attentes : je faisais souvent face à des clients irrespectueux, qui avaient un regard indifférent sur ces (braves) personnes qui leur permettaient de recevoir leur colis. Dans ces moments, je devais alors garder mon calme et m’adapter à la situation. Cette fameuse ’adaptabilité justement, si chérie par les recruteurs, j’ai pu ainsi la développer particulièrement dans mon travail. 

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A contrario, je rencontrais également des personnes compréhensives, avec lesquelles j’ai pris plaisir à parler lors de livraisons régulières. Le relationnel fait également partie des qualités que j’ai su développer, car je souhaitais ajouter une dimension humaine à ce métier harassant que l’on qualifie souvent de difficile. De même, j’ai dû faire preuve de caractère quand la situation l’exigeait, face à des clients pressés qui ne pensaient qu’à recevoir leur colis rapidement. Avoir du tempérament est essentiel dans ce métier. J’ai du vite l’acquérir pour garder mon équilibre intérieur.

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Mais je me rappelle aussi des moments difficiles qui auraient pu mal finir, de ces moments où, pour rentrer plus tôt chez moi, je ne m’arrêtais pas à l’heure du repas et, épuisé physiquement, je prenais l’autoroute à moitié endormi avec le risque d’être renversé. Koh lanta au volant. Ce n’est pas une pratique à recommander bien évidemment, mais c’est la découverte du réel, qui se fait dans le rythme des journées intenses. Un excellent travail de formation, au delà des règles fixées ou qu’on se donne., au plus près des situations humaines. De l’autre côté du miroir…

Après deux ans dans ce métier, alors que je me développe dans l’univers bancaire, je me retourne derrière cette première montagne et comme Phil Knight sur le mont Fuji, je contemple le parcours accompli. Une petite fierté m’envahit : je me dis que sans connaître quiconque à Paris et avec une très faible expérience, j’ai su plonger dans le grand bain et avancer. J’ai su me transformer mentalement et me forger un véritable caractère. Et nourrir cette petite soif de réussir qui ne me donne finalement aucune limite.