mai 30, 2022

GWEN > Guerrière sans perdre sa joie de vivre

Durant ma jeunesse, je vivais une vie « parfaite ». Je vivais avec ma mère, mon frère, j’avais mes amis et aucun souci. Pour moi, le monde était fait de gentillesse, bonté, générosité.

Mais durant l’année de mes 16 ans, la réalité de la vie m’a rattrapée à grand pas. Du jour au lendemain, j’ai dû quitter tout ce que je connaissais, mon lieu de vie, ma mère pour devoir aller vivre chez mon père, une personne avec qui je n’avais jamais vécu et que je voyais seulement de temps en temps. J’ai vécu une séparation que je n’avais jamais imaginé vivre de ma vie. Ma mère était mon pilier, mon point de repère dans mon quotidien. Cette cassure c’est fait du de son divorce avec son ex-mari avec qui nous avions vécu 11 ans. La raison était que cet homme était son patron, son mari et nous vivions chez lui.  Elle n’a donc pas eu le choix de se séparer de moi et de mon frère pour nous préserver de leur divorce, qui était fait de tensions et de destruction. 

LABANDON DE MA FAMILLE

Je me suis retrouvée chez mon père dans un no man’s land étrange : à deux heures de Paris, à la campagne loin de tout, dans une nouvelle maison, une nouvelle région et une nouvelle école. J’allais sur mes 17 ans et je rentrais en première.

Au début, les relations avec mon père et ma belle-mère se passaient bien. Pour mon frère, en revanche, c’était différent. Quelque temps après son emménagement officiel, mon frère et mon père ne se supportaient plus. Mon père a donc tout simplement décidé de mettre mon frère dehors. Je me retrouvai donc toute seule avec eux, pour le meilleur et pour le pire.

À la suite du départ de mon frère nos relations ont commencé à se dégrader surtout avec ma belle-mère. J’allais sur mes 18 ans et pour mon anniversaire mon père m’a fait un « joli cadeau ». Il m’a dit de but en blanc : « maintenant que tu es majeure, je peux te mettre de dehors ». Aussitôt dit, aussitôt fait… 5 mois après, j’ai eu 3 jours pour partir de chez lui sans argent, ni nourriture, ni aucune aide d’aucune sorte. 

Bienvenue dans le Koh Lanta du quotidien !

J’ai dû donc trouver un logement par mes propres moyens, j’ai eu la chance de trouver une colocation avec un loyer à 250 euros (pile l’équivalent de ma pension alimentaire versée par mon père à la suite d’une décision d’un juge qui fut prise quelques années avant !). J’avais 18 ans et j’ai été jetée dans le grand bain de la vie. « Nage ma petite ! »

Il a fallu remonter les brassières : j’ai appris par moi-même à me débrouiller, devenir 100% autonome. Faire les courses, son manger, payer son loyer et se gérer financièrement. Un grand accélérateur de responsabilité et de combativité. Pendant cette période, je vivais seulement avec 88 euros par mois qui était ma part d’APL versé par la CAF à cette époque étant fiscalement encore relié à mes parents. On devient vite créative avec peu de moyens ! J’ai vécu comme cela pendant 1 an et demi dans une grande maison en colocation avant de commencer (à nouveau) une nouvelle vie dans une nouvelle région avec mon copain de l’époque. On développe vite l’esprit d’initiative à force…

LA TRAHISON DE MON CORPS

Arrivée dans une nouvelle région, le bac en poche, j’ai appris à découvrir la vie de couple. Je commençais à retrouver une vie stable, sans stress. Incroyable ! On commençait à « bâtir » notre vie quand l’été 2019 arriva, été durant lequel nous vivrons mais je devrais dire je…vivrai une nouvelle trahison. De la part de moi-même… 

Durant cet été 2019, je travaillais en Suisse dans un camping pour la saison estivale pour le mois de juillet-août. Tout se passait bien, jusqu’à cette journée du 29 août où je connus une nouvelle étape de ma vie. Ce jour-là, de terribles douleurs m’arrivèrent au niveau du bas du ventre. Ayant régulièrement des douleurs au début de mon cycle menstruel, je ne m’inquiétais pas plus que cela. Mais plus la journée s’écoulait, plus la douleur s’intensifiait au point de plus pouvoir rester debout. J’étais à une heure de chez moi, dans un autre pays, sans comprendre ce qui m’arrivait, incapable de reprendre la voiture pour rentrer. 

Arrivée à 20 heures (ayant commencé mon service à 14 h), j’ai appelé mon compagnon de l’époque pour qu’il vienne me chercher en urgence à mon travail car la douleur était trop intense et je commençais à avoir des saignements inhabituels et importants. Nous partîmes à l’hôpital et là, le verdict tomba… j’étais en train de faire une fausse couche. 

Les médecins m’expliquèrent que j’étais enceinte d’un mois et demi, durant ce mois je n’ai eu aucun symptôme, aucun signe que j’étais enceinte. J’avais fait un déni de grossesse. Sur le coup, je fus soulagée : je n’allais pas commencer mon année de BTS enceinte sans m’en rendre compte. Quelque part, c’était « une chance ». Mais quelque temps après, ma pensée évolua et devint autre. Au cours de cette fausse couche, je réalisais au fur et à mesure que j’avais perdu une partie de moi-même. A l’intérieur de moi, un petit être avait commencé à grandir, mélange de moi et de mon amour passé. Un supplément de vie s’était envolé : c’était mon enfant et je l’avais perdu… 

A la suite de cette fausse couche, les problèmes s’enchaînèrent. Koh Lanta faisait douloureusement son retour. Ayant un kyste à l’ovaire gauche depuis déjà quelques années cette épreuve me déclencha des douleurs quotidiennes qui me paralysaient littéralement, j’avais du mal à me déplacer toute seule, j’avais du mal à me lever seule et à gérer mes émotions. Cette situation durera 6 mois, et au mois de février 2020, mon médecin prit la décision de m’opérer pour enlever le kyste. Cette opération à base de célioscopie fera qu’à la suite, je sois alitée avec 4 cicatrices en bas de mon ventre m’empêchant d’être autonome. Dur d’enchainer les Koh Lanta même à presque 21 ans. 

A 20 ans passés, j’étais donc devenue une mamie, une personne qui avait besoin d’aide pour se laver, s’habiller, se lever et se déplacer. Sacrée cure d’humilité ! La cicatrisation fut longue et compliquée à cause d’infections sur l’une des plaies. J’ai appris à garder ma joie même dans ce moment où je ne pouvais plus vivre ma vie, une vie d’une jeune de 20 ans qui voulait voir et faire plein de choses mais qui en était incapable, son corps ne la suivant pas.

LA JOIE, UNE FORCE POUR SURMONTER LES EPREUVES

Durant toutes ses expériences, une seule chose en moi n’avait pas disparu ma joie de vivre, je gardais cette force que je tire de la vie, cette énergie que j’ai de faire de nouvelles rencontres, de vivre de nouvelles expériences professionnelles, même avec toutes ses mésaventures. Face à l’adversité, j’ai appris à développer mon caractère, je suis devenue patiente, obstinée dans la réalisation de mes objectifs. Quelque part, j’ai l’impression claire d’être devenue UNE GUERRIERE. 

Tous ces évènements font finalement ce que je suis et qui je suis aujourd’hui. Si c’était à refaire, je ne changerais pas mon passé car ces expériences font que je suis aujourd’hui en études dans le médico-social : je veux maintenant apporter quelque chose à la société, permettre aux personnes qui en ont besoin de pouvoir avoir un meilleur cadre de vie, un soutien dans les moments durs de leur vie. En ayant vu son absence de près. Et nourrir de mon énergie la part de joie dans leur vie qui fait rayonner la mienne.