En 2020, j’ai commencé à fumer des cigarettes au lycée, avec mes amis, influencée par le désir de paraître grand et rebelles. À l’époque, je portais déjà le poids d’une histoire familiale et personnel complexe (tout comme beaucoup de gens), ce qui a contribué à mes premiers pas dans la consommation quotidienne de cannabis. Cette habitude a rapidement pris le dessus sur ma vie, entravant mes projets et altérant mes relations familiales et amicales. Mon parcours scolaire en a également souffert, bref ma vie en général. En avril 2022, je me suis confrontée à ma dépendance, essayant de mettre un terme à cette habitude qui avait plongé ma vie dans une spirale dépressive.
Lors de cette tentative, j’ai connu une amélioration notable de mon hygiène de vie. Cependant, malgré mes efforts, la rentrée en études supérieures a été un déclencheur, et je me suis retrouvée à replonger dans l’addiction. Cet épisode demeure l’échec le plus difficile de ma vie.
Au départ, je suis une jeune fille ambitieuse, toujours souriante, animée par le désir de réussir mes études, de construire des relations saines et de surmonter les défis familiaux qui ont construit mon passé. J’ai aussi un rêve, m’installer au Canada et y ouvrir mon café à thème. Je suis entourée par mon groupe d’amies de 6 filles depuis le collège, qui m’épaulent d’ailleurs toujours aujourd’hui. Tout semble calme, mais comme toute personne de cet âge je me retrouve submergée par mes propres émotions…
Mes premiers instants dans le monde du tabac sont plutôt classiques. Mon frère fumait, ma soeur fume encore et dans mon esprit d’adolescente, je dois maintenir la réputation rebelle de ma fratrie. Progressivement, même si le cannabis m’a toujours approché de plus ou moins près dans ma vie, je commence à fumer en soirée, puis très rapidement quotidiennement. Commence alors une longue épopée entre adolescence, rock psychédélique et cannabis. En 2022, s’en est trop. J’arrête brutalement ma consommation et affronte les insomnies, les sautes d’humeur, les vraies émotions et réalité de la vie sans addiction.
La réalité de l’échec a été douloureuse et mon sentiment le plus fort : la honte. Déjà que le fait d’être addicte à 15 ans est un échec en soit, se retrouver à mentir à ses proches à 18 ans sur une soit disant sobriété est un échec encore plus grand. Je me suis retrouvée éloignée de mes objectifs académiques, isolée de mes proches, et en proie à une santé mentale affectée par cette habitude toxique. À court terme, l’échec a exacerbé mon comportement. À moyen terme, il a affecté mes relations et ma confiance en moi. À long terme, les conséquences se sont manifestées dans ma vision du monde, mes perspectives d’avenir, mes valeurs, ma santé mentale et physique…
L’analyse révèle que mon échec découle en grande partie de ma tentative de fuir mes problèmes plutôt que de les affronter. Les pressions familiales et les défis personnels ont été les déclencheurs de cette consommation excessive. De plus, l’incapacité à établir des limites et à gérer le stress a alimenté cette dépendance.
La phase de digestion et de reconstruction commence par l’acceptation de mes erreurs. C’est un processus difficile, mais nécessaire pour comprendre que l’échec ne définit pas qui je suis. Il s’agit d’une opportunité, une leçon sur la résilience et la nécessité de développer des mécanismes et habitudes plus sains.
En février 2023, je suis plus déterminée que jamais à me sortir de cette situation. Je tente une seconde fois de mettre un terme à ma dépendance : me voilà repartie. J’ai échoué une première fois, mais je ne compte certainement pas sombrer encore plus. Cette fois-ci, le rebond est de taille. Je progresse, je reconstruis mon quotidien, mes relations et je fais face aux obstacles avec force et honneur.
Je décide alors de sortir de chez moi, pour marcher et me vider la tête. L’appétit revient, je mange mieux, je lis, je sors voir mes amis, mais surtout je communique. Je m’affronte moi-même ; moi qui avait l’habitude de m’isoler, et de garder mes émotions. Je prends conscience que la plus grande preuve de courage c’est de partager son histoire pour en tirer des leçons. Le courage ce n’est pas de ne rien dire.
J’en ai donc beaucoup discuté avec des connaissances partageant une histoire similaire à la mienne. Mais pas que ! Je me suis simplement entourée des bonnes personnes dont l’histoire est bien différente mais les mots tout aussi impactant. Ce qui m’a accompagné dans ma guérison, c’est le sentiment d’être soutenue, pas forcément comprise mais surtout écoutée .
Je n’ai initié aucun réel projet, mais j’essaye tout de même à sensibiliser les gens qui s’approchent de toute sorte d’addiction en les alertant sur les dangers de la dépendance.
En conclusion, cet échec a été une épreuve difficile, mais il m’a également donné l’occasion de me réinventer. À travers la compréhension de mes erreurs, l’adoption de nouvelles habitudes de vie et l’établissement de liens avec des personnes inspirantes, je suis en train de reconstruire ma vie sur des bases plus solides. L’échec n’est pas une fin en soi, mais plutôt une transition vers l’évolution.