Je sors du cours de Physique-Chimie, barbant comme d’habitude. Je parle avec ma copine qui est toute pâle mais qui me dit qu’elle se sent bien, je me dis qu’elle n’a pas assez dormi et je passe outre. Seulement voilà, pendant que lui raconte ma vie, elle tombe la tête la première. Je la vois tomber, j’essaye de l’aider à se relever mais en l’espace de quelques secondes qui m’ont paru des heures de pire cours, je réalise qu’en réalité, elle a perdu conscience.
Sans réfléchir, j’applique le peu de souvenirs qu’il me reste de ma formation de premier secours et finis par appeler les secours sur mon téléphone. Dans le même temps, mes camarades vont chercher les surveillants puisque nous sommes mercredi et que l’infirmière n’est pas là. Première surprise : la surveillante vient à moi et me dispute, d’après elle je n’aurais pas dû appeler les secours. Durant ce temps, les seuls adultes présents, c’est-à-dire, les professeurs, ont été spectateurs et n’ont pas agi ! Pourquoi ? moi-même je me le demande, sans doute s’étaient-ils dit que ce n’était pas très grave, ils ont quand même fini par disperser les autres élèves autour.
Au bout de dix minutes, les secours ont fini par arriver et prendre en charge mon amie. Je me décide alors à retourner en cours. Sur le chemin de ma salle, une dame m’accompagne : Elle me complimente sur mon sang froid, ainsi que sur ma réaction. Je la remercie sans savoir qui elle est et pourquoi elle m’accompagne ainsi. Quelques minutes après m’avoir laissé dans ma classe, mes amies m’apprennent que c’est la proviseure !
Un sentiment de gratification m’envahit alors ! Une vague positive m’envahit : sa bienveillance me toucha profondément. Alors que j’avais agi par réflexe et sensibilité personnelle, je me suis rendu compte de mon action positive à travers son regard et ses encouragements. Ce cercle vertueux me laissa pensive et bien déterminée à nourrir de la bienveillance envers le monde entier…
La bienveillance : une motivation
C’est la fin de ma première année d’études supérieures, je dois faire un stage. C’est notre mission à toutes et tous, notre défi à relever. Pas toujours facile quand on a peu de relations. J’en trouve finalement un, à quelques semaines du début de celui-ci : la chance ! D’autant plus qu’il est à 15 minutes de chez moi !
Il s’agit d’une bijouterie : j’en suis ravie ! Avant d’être prise, j’ai néanmoins un entretien avec la dirigeante de la boutique. Vu les enjeux, j’étais particulièrement stressée. Pourtant,elle me mit en confiance et m’expliqua, très à l’écoute, ce que je devais faire durant mon stage. Elle me précisa les conditions à respecter et fit un point précis sur la tenue, un aspect très important dans un commerce d’image comme celui-là.
A la fin de l’entretien, je me sentais prête pour commencer cette nouvelle expérience !
Enfin, c’est ce que je croyais…. Arrivée le jour-j je n’avais pas tout à fait les bonnes chaussures : les baskets ne font pas tout à fait bon effet dans une bijouterie. On me renvoya alors directement chez pour les changer.
Tout au long de la journée qui m’a paru in-ter-mi-na-ble, je ne faisais que ressasser dans ma tête ce changement. Moi qui étais toute motivée, je comptais les minutes pour rentrer. La versatilité va vite à cet âge. Mais, je m’accrochais. Au fur et à mesure des jours, je fis connaissance avec mes collègues, certains affables, d’autres plus “sérieux”. Très vite, je me suis rendu compte que c’était une petite équipe jeune et dynamique, soudée par une culture positive. En effet, ma tutrice, bienveillante (on y revient) m’apprit beaucoup sur les produits, les marques, le contact humain pour mieux conseiller les clients mais aussi sur la culture de l’entreprise. Il faut dire que certains de mes collègues étaient aussi des alternantes. Elles m’ont appris tout ce qu’il semblait plus évident aux yeux des autres employés, les “anciens”. C’est fou le rôle que cela joue dans une intégration et l’envie de bien faire ! Je pense à ma collègue Marine, qui me guidait dans mes tâches, me conseillait pour être bien vue auprès des autres employés, me soutenait et m’encourageait à prendre des initiatives. Quelle énergie positive elle m’a donné !
Ce n’était évidemment pas le cas de tout le monde : le directeur, par exemple, restait assez froid, il me donnait des directives et m’expliquait à peine ce que je devais faire sans hésiter à critiquer mon travail. Avec du recul, ses critiques étaient constructives. Mais son ton froid n’était pas toujours encourageant. On était loin du management paternaliste vu en cours. J’ai fini par comprendre qu’il était juste “comme ça”. Et qu’il fallait faire avec. D’ailleurs, j’ai eu la bonne surprise en fin de stage, que celui-ci commença à me conseiller, de conseils de sa part, où il vint même m’aider avec plus de “douceur”. Au final, j’en garde un bon souvenir, et ai fini par apprécier sa personnalité, assez “franche”. La bienveillance peut prendre des formes différentes, plus ou moins visibles, qu’on peut découvrir au fil de l’eau… Ce qui est sûr, c’est qu’elle rend les expériences professionnelles ou d’apprentissage beaucoup plus fertiles.
Souvent durant mon trajet retour vers chez moi dans le RER, assise près de la fenêtre, ma place favorite, je me laisse emporter par mon imagination, mes questionnements sur tout et n’importe quoi. Je repense à ce qui m’a marqué dans ma petite journée d’étudiante, comme une remarque futile qu’un professeur ou camarade m’avait faite. Il m’arrive d’être très touchée par une simple remarque, un petit mot comme il m’arrive de vite passée outre une remarque bien plus “importante”. Tout dépend de comment la personne en face s’adresse à moi, si je la connais ou pas. A partir de là je me pose la question si sa remarque est “constructive”, si c’est pour mon bien. Et je me dis que c’est fou comme la bienveillance joue un rôle principal au long de notre vie, comme son absence peut avoir des conséquences sur celle-ci.
Est-ce que tout le monde est bienveillant ? Sans réfléchir, ma réponse est : NON. Certaines personnes mettent du temps avant de l’ être, elles ont besoin de connaître la personne en face, d’autres aveuglés par leurs objectifs oublient tout simplement de l’être, habitué par l’absence de ce sentiment.
Est-ce une qualité innée ?
On le voit bien, et encore plus quand on grandit, la bienveillance appelle à la tolérance et surtout à la patience. Nous la côtoyons depuis notre tendre enfance, d’abord avec nos parents, puis à l’école, au sport, à chaque nouvelle étape de la vie. C’est avec de la bienveillance, qu’on surmonte nos erreurs, et qu’on acquit “la confiance en soi” sans quoi, nous ne sommes que spectateurs de notre vie. Elle implique la compréhension, le respect ce qui me fait directement penser à quand je pratiquais du taekwondo. Comme tous les arts martiaux, le respect envers son maître et les plus “gradés” est très important.
Poussée par ma mère qui voulait que je pratique un “sport” utile, en d’autres termes que je sache me défendre en cas de danger. Car, il est vrai que j’étais la petite fille clichée très timide qui se défendait à peine. Même si ce n’était pas mon premier choix de sport au départ, je ne regrette absolument pas que ma mère m’ait poussé à en faire.
J’ai pu acquérir une confiance en moi auprès des gens que je ne connaissais pas, je n’avais plus peur. Mon maître, strict, nous poussait dans nos derniers retranchements à l’entraînement. Par la suite, du fait de mon bon niveau, celui-ci m’encourageait à me surpasser, à perfectionner mes coups et c’est ainsi que j’ai commencé les compétitions. Même si c’est un sport individuel, l’esprit d’ équipe, de partage, de famille était très présent, surtout en compétitions. Peu importe l’issue du combat, le maître nous félicitait et les camarades compatissaient. C’était indispensable à notre progression. La rançon de notre exigence et de nos efforts. Tout simplement.
Toutefois, cette bienveillance n’est pas un gros bouton rouge sur lequel on appuie on/off. Il ne s’agit pas non plus d’en faire une tarte à la crème. Être fleur bleue n’est pas très bon, on ne vit pas dans le monde des bisounours, la vie n’est pas toujours rose. Vous l’aurez compris, la réalité est tout autre. Dans la vie, il faut savoir s’affirmer et c’est là : le combat de toute une vie.
Doser la bienveillance
Peu importe les relations qu’elles soient privées ou professionnelles la bienveillance a ses limites, comme tout d’ailleurs, il ne faut pas en abuser au risque d’être méprisé.
Cela me rappelle “ZE étape » l’étape “cruciale” dans la vie d’adulte qui fait appelle à la bienveillance : le permis. Une fois le code en poche, il ne manque plus “que” les heures de conduite. Être moniteurs, comme tous les métiers où l’on transmet son savoir, on se doit d’être pédagogue, une qualité qui n’est pas chez tous.
Pour ma part, mon moniteur l’était, du moins c’est ce que je croyais au début mais plus les heures passaient, plus je me rapprochais de l’examen, super n’est-ce pas ? Je ne pense que c’était son avis, c’est bien connu les auto-écoles font tout pour ajouter des heures de conduite car à la fin on ne pense plus qu’argent.
Au départ, mon moniteur était très encourageant et optimiste pour mon examen mais au fur et à mesure des heures, un silence régnait dans la voiture. Un silence très pesant. Il a fini par comprendre que je ne comptais pas débourser tout mon argent dans son auto-école. Naïve, j’eus osé penser qu’il serait compréhensif. Les seuls échanges avec lui étaient pour me dire quand une manœuvre était mal faite s’en suit d’une longue leçon de morale concernant ma motivation pour l’obtenir. Consciente de son but ultime : faire plus d’argent, je ne me laissais pas abattre, moi qui voulais avoir le permis pour être débarrassée et surtout accomplir quelque chose durant cette année où tout est à distance. Involontairement, il devient ma source de motivation. Je voulais lui prouver qu’il avait tort, que j’en étais capable. Il me donna une date par dépit tout en me disant clairement que si je l’obtenais, c’était par chance.
Eh bien, la chance m’a souri ! Surement la rançon de ma bienveillance à moi ! Pourtant, je me rendis compte à travers cette expérience qu’il ne faut pas être un bisounours. Le surplus de bienveillance peut vite tourner au mépris et à l’irrespect. La dignité se gagne aussi dans le témoignage de sa volonté.
De même, certaines personnes finissent par abuser de la bienveillance des autres et ne cherchent plus à s’améliorer. Il est parfois naturel de ne plus l’être, en particulier avec les personnes qui ne nous sont pas chères, mais quand elles le sont, cela devient plus difficile.
Doser la bienveillance, ne pas en faire trop. Comme tous les sentiments que l’on peut ressentir il faut savoir, être capable de les doser. C’est comme nos différents péchés mignons, chocolats, pâtisserie, friandises et j’en passe, il faut les consommer avec modération. Ce qui me fait replonger en enfance et plus précisément au moment où mes parents m’ont posé des limites, je pense à quand j’étais petite et que je jouais au parc. Vient un moment où il faut rentrer chez soi, normal ? Non ? Et bien pas pour moi, d’autant plus si mes amis restent dehors jouer. Je pensais que c’était injuste, même si en réalité c’est pour ma sécurité. Dans mon cerveau de petite fille de 8ans je vivais ça comme de la torture. Dans ces moment-là, l’enfant ingrate que j’étais, oubliait toutes les fois où ma mère m’a laissé exceptionnellement plus longtemps dehors. J’abusais inconsciemment de sa bienveillance. C’est ce qui peut se passer dans les relations personnelles à en devenir toxiques ou bien au travail. Le salarié peut devenir moins performant, il se limitera du minimum Le monde alors se peuple de fainéants et de démagogues, ce qui n’est pas ce qu’on peut appeler un univers vertueux.
Peu importe les relations qu’elles soient privées ou professionnelles la bienveillance a ses limites, comme tout d’ailleurs, il ne faut pas en abuser au risque d’être méprisé.
La bienveillance est comme une forme de santé et d’hygiène sociale : il est nécessaire de la construire et de l’entretenir. Sans la galvauder à l’utiliser systématiquement sous peine de terminer “cramée”.
Nohailla