Qu’un microbe soit la cause d’un monde à l’arrêt au XXIème siècle, cela apparait comme impensable, et pourtant, c’est bien le cas aujourd’hui avec la pandémie de coronavirus.
Ce virus oblige chacun à freiner le pas et ralentir dans tous les domaines.
COVID SPRING BREAK 2K20
Jusqu’au printemps 2020, nous vivions dans un monde avec un rythme qui devenait sans doute effréné, où tout devait aller vite, où tout devait être fini avant même d’être commencé. Il était devenu une banalité d’avoir accès à tout sans trop réfléchir parce qu’en peu de temps, la vie s’est organisée pour que tout se fasse très vite pour de meilleures performances, de meilleurs résultats, faisant courir tout le monde tant dans la vie privée que dans la vie professionnelle. Finalement, une vie qui se déroulait en oubliant d’exister pour soi-même. Avant même que le Covid-19 n’apparaissent, nous étions donc déjà contaminés, malade d’hypervitesse. Si les avertissements tels que les catastrophes naturelles, les guerres, ou encore le réchauffement climatique ne semblent pas avoir sensibilisé les hommes de tous les continents c’est donc par un autre moyen que l’information est passée, et nous a fait réfléchir sur l’importance de la lenteur. Nous sommes aujourd’hui contraints de freiner et de marcher au ralenti.
CONSEILS D’UNE JEUNE TORTUE AU RALENTI
Si vous étiez toujours en train de courir, marchez et prenez le temps de vous reposer. Si vous n’arriviez pas à ranger votre maison, prenez le temps de faire le tri et de ranger vos affaires et vos papiers, faire des activités pour lesquelles vous n’aviez jamais le temps. Si vous êtes stressés, lâchez prise.
Retrouver un sens à votre vie, en vous demandant ce que vous faites ici et quel est votre objectif. Choisissez le rythme posé et censé de la tortue. Plus vous ralentirez quand le rythme sera devenu éperdu, plus vous gagnerez du temps. Considérez la lenteur comme un détour intéressant plutôt que forcé, pour atteindre les buts que vous vous étiez fixé. Apprenez à aimer toutes les secondes d’une journée pour en faire votre avantage le plus réussi. Considérez la lenteur non pas comme une tare ou un synonyme de paresse, mais plutôt comme un privilège qui vous est offert pour atteindre n’importe quel objectif. Osez-vous intéresser à des choses qui vous paraissaient trop complexe, et qui vous prenez trop de temps lorsque votre temps passait à toute vitesse, votre réussite n’en sera pas moins belle, et le résultat sera potentiellement le même, à moins qu’il ne soit encore plus réussi.
MA LUTH CONTRE LA VITESSE
Au cours de plusieurs expériences personnelles et professionnelles, j’ai compris l’importance de ralentir.
Que ce soit par obligation après un Burn out, par envie lors d’un voyage initiatique ou encore par contrainte pendant la pandémie, la vie loin du bruit du monde m’apparait comme être le bon rythme, le miens. Apprendre à prendre le temps apparait pour moi comme un apprentissage qui a été nécessaire et positif dans mon évolution personnelle, mais également dans mes capacités à prendre confiance en moi, à me détacher de tâches qui m’apparaissaient comme des obligations, mais qui ne l’étaient pas.
La lenteur apparaît pour moi comme un détour intéressant et presque obligatoire pour atteindre mes différents buts. J’ai besoin de prendre le temps de réfléchir correctement, prendre du recul, le temps de la réflexion ne devrait pas être esclave du Temps en lui-même. Dans une société qui nous inculque dès le plus jeune âge à savoir tout faire rapidement, ne confondons pas vitesse et précipitation, prenons le temps de jongler entre vitesse de pointe et vitesse de croisière pour arriver à atteindre nos objectifs.
À 20 ans, après un Burn out et une vague de dépression sévère, j’ai pris la décision de quitter mon confort. J’ai donc pris un sac à dos, une paire de chaussures de randonnée, mon bob et évidemment mon fidèle compagnon : Ramsès le chat, pour partir à l’aventure en Amazonie. J’avais besoin d’apprendre à prendre le temps. Découvrir comment vivre au rythme du soleil, et non pas le défier. En 40 jours, j’étais passé d’une vie à 100km/h, travaillant plus de 55 heures par semaine, n’ayant jamais le temps pour sortir, faire du sport, me détendre, profiter de ma famille, à une vie loin du bruit du monde.
Mars 2017, j’observe ma première tortue luth sur une plage du Suriname. Et cela marque le début d’une fascination pour cette espèce marine, la plus grande tortue du monde. Les tortues luth viennent sur les plages d’Amérique du Sud pour pondre à une certaine période de l’année. Pesant jusqu’à 700 kilos, il leur faut parfois plus de 12 heures pour pondre et retourner dans la mer des Caraïbes.
Ayant eu la chance d’observer cinq tortues luth en période de ponte, j’ai pris conscience des efforts qu’elles fournissaient pour arriver à leur but, mais également du temps passé pour y arriver, j’ai pris conscience que prendre le temps n’était pas une mauvaise façon de voir la vie mais le meilleur moyen d’arriver au bout d’un quête que je devais construire et mener.
À mon retour en France, et comme pour me protéger d’un monde à pleine vitesse que j’avais fuie, j’ai repensé à ces tortues luth que j’avais si longuement pris le temps d’admirer. Comme elles, j’ai une grosse carapace, et je prends le temps pour arriver à mes objectifs. Ce rythme est pour moi censé et sain, et m’aide à toujours aller de l’avant dans la vie. En revendiquant mon mode de vie, mes proches me surnomment aujourd’hui Lulu la tortue. J’en ai même fais mon pseudo sur Instagram, puisque mon compte se nomme @lulu_latortue_luth .