Dans une société de l’image comme la nôtre, l’apparence physique joue un rôle de plus en plus important dans l’emploi. Pourtant, elle fait partie des critères de discrimination définis par la loi française et on remarque qu’elle a une influence notable dans la vie professionnelle.
Il existe différents types de discriminations, par rapport au poids, à la couleur de peau, à la façon de s’habiller, de se coiffer. Personnellement, j’ai remarqué que mon apparence physique était sujet à ce genre de discrimination. Je suis une femme de 21 ans qui a une apparence qui ne rentre pas forcément dans les normes sociales. Je suis :
- ronde
- avec les cheveux très bouclés
- j’ai deux tatouages discrets
Ayant eu diverses expériences professionnelles dans la banque et la restauration, j’ai remarqué que l’apparence physique et vestimentaire avaient une part importante dans les deux domaines mais d’une manière différente. Dans la restauration, c’est une question d’hygiène et d’appartenance à l’enseigne pour indiquer aux clients qui sont les employés liés a l’espace de vente. Tandis qu’en banque, cette apparence physique et vestimentaire est encadrée et imposée par un cadre vestimentaire plus stricte pour les hommes et les femmes quel que soit le poste qu’il ou elle occupe.
A travers mon expérience professionnelle, j’ai remarqué que les discriminations pouvaient passer à travers des regards ou des remarques à la cantine comme « Tu prends tout ça ? » (sic)… Pendant qu’on ne dit rien au collègue de gauche, alors que monsieur en prend plus mais son apparence est « normale ».
Ce sont des remarques comme celles-ci qui peuvent nous faire changer notre façon d’être et de faire. Je me suis aperçue que plusieurs comportements extérieurs pouvaient provoquer chez moi une gêne ou un changement d’attitude.
Par exemple, de mettre toujours une mèche derrière mon oreille afin que mon tatouage ne soit pas visible pour tous. Mais, il y a quand même de drôles de surprise : lors de ma première année d’alternance, alors que je travaillais à mon poste, un collègue m’a touché les cheveux sans aucun contexte sous prétexte qu’il été « intrigué ». Nous n’étions pas en train de parler, nous échangions d’ailleurs que très rarement. Donc sous prétexte que mes cheveux étaient différents, il s’est permis de rentrer dans mon intimité en me touchant les cheveux sans aucune autorisation.
Cela m’a profondément marqué et poussé à encore plus faire attention à l’image que je renvoie : depuis, je prends toujours soin d’attacher toujours mes cheveux de façon à ce qu’ils ne prennent pas trop de place. Tristement, c’est ce genre de comportements qui nous empêchent d’être nous-même et nous pousse à rentrer dans les codes de la société, qu’ils soient vestimentaires ou physiques, a notre grand désarroi, nous empêchant d’être nous-mêmes …
Je vous ai raconté quelques éléments de mon expérience personnelle mais bien sûr je ne suis pas un cas isolé. Des histoires comme celles-ci, nous sommes beaucoup à en avoir vécu et en vivre tous les jours. Plus j’évolue professionnellement, plus je croise des gens qui me racontent des histoires incroyables.
Il y a 4 mois, j’ai déjeuné avec une ancienne alternante avec qui j’ai effectué mes premières années d’apprentissage. Elle me racontait comment se passait sa nouvelle expérience au sein d’un nouvelle entreprise dans laquelle elle ne se sentait pas très à l’aise. Et pour cause…
Un jour d’été, son manager lui a fait des propositions déplacées sous prétexte qu’elle était en robe. Une simple robe ? Lui dis-je ? Tout à fait normale, rien d’extravagant ! me répond -elle. Et cela n’a pas empêcher le manager de proposer une balade nocturne.
En rentrant, mes idées vaquent : je me demande si une simple robe constitue une porte ouverte à toutes propositions déplacées ? Je me demande pour quelles raisons cette personne s’est permise de faire des réflexions sur sa tenue dans un cadre professionnel sous prétexte qu’une robe était portée ? J’ai une vague idée des réponses à ces questions mais je ne les comprends pas. Ce sont des comportements comme ceux-là qui poussent, hommes et femmes, à se cacher, à esquiver des collègues susceptibles de faire des remarques, à avoir toujours en tête que la manière dont ils sont habillés et coiffés va être regardée et jugée par tous.
Le fait que l’on ne puisse pas s’habiller comme nous le voulons, nous empêche de nous exprimer comme nous le souhaitons. Sous réserve de respecter le cadre commun et les sensibilités de chacun.
Cela peut parfois poser problème à certaines personnes, mais l’espace public existe par un sens de compromissions et de l’acceptation de l’autre. Jeter en pâture son regard assumé en offensant une personne n’est pas vraiment ce qu’on appelle une forme constructrice de rapports humains. On peut manier ressenti et respect des personnes.
Le style vestimentaire est aujourd’hui clairement une communication non verbale. Comme le dit le rappeur américains Macklemore « We are what we wear, we wear what we are » ; in french « on représente ce que l’on porte et on porte ce que l’on représente ». De ce fait, je comprends que dans certains métiers, (surtout dans ceux où l’on est en contact avec le client) la tenue vestimentaire doit être faite de compromis et d’apparence stricte. En effet, face au client nous représentons l’image de l’entreprise.
Mais quelle image renvoyons-nous au final ? L’habit fait-il le moine ? Cela change t’il notre manière de travailler ? Nos compétences ? Prenons l’exemple de l’accueil en agence bancaire. Si nous mettons deux employés : le premier porte un costard mais se comporte de façon très désagréable avec le client. Le second, porte un tatouage au cou dissimulé et une chemise décontractée avec un pantalon, celui-ci, adopte un comportement adéquat vis-à-vis du client. Lequel est le plus professionnel ? Aux yeux de l’entreprise, ce sera l’homme en costard puisqu’il rentre dans les normes représentatives de l’image de la marque. Son attitude méprisante face au client sera effacée par son apparence. Tandis que, le deuxième homme, ne rentrant pas forcément dans les codes exigés par l’entreprise, verra ses aptitudes relationnelles complètement balayées par une apparence dite « non conforme ».
Je pense que les compétences ne devraient pas être impactées par l’apparence physique ou vestimentaire. Au contraire, l’apparence physique est parfois une manière de s’épanouir et de se montrer tel que l’on est. Je pense que chaque personne devrait avoir le droit de porter le style vestimentaire qui correspond à sa personnalité, ce qui contribue à son bien-être. Un esprit qui se sent bien sera apaisé. De plus, être libre de porter ce qu’il veut lui permet d’être plus apte psychologiquement à effectuer ses missions au travail dans la meilleure des dispositions. Cela développe la confiance en soi et évite de se renfermer dans des « normes absurdes ».
On voit depuis quelques années, une certaine évolution dans la manière de percevoir l’apparence physique et vestimentaire au travail. J’ai pu remarquer un abaissement de ces normes. En effet, j’ai vu des personnes porter des baskets au travail, arborer des tatouages ou des piercings sans être mis de côté. Les entreprises acceptent de plus en plus la diversité du spectre humain en y apportant moins de jugement qu’avant. Mais cette évolution n’est malheureusement pas encore suffisante.
Je n’ai malheureusement pas de solutions à vous apporter si ce n’est cet article, qui je l’espère, pourra sensibiliser un maximum de personnes sur ces problèmes. Au quotidien, ce genre de problèmes peut pousser une personne à se sentir mal dans sa peau voire pire à la dépression ou au Burn out.
J’espère donc que cet article pourra aider les gens qui pourraient être amener à rencontrer des situations similaires à celle que j’ai pu vous raconter.
J’espère que mon témoignage pourra ouvrir les esprits trop fermés quant aux différences. Puisqu’évidement mon discours fonctionne pour les différences physiques, comportementales, mentales (handicap). Mais j’espère surtout que les personnes qui vont se reconnaitre au travers de l’article se sentirons écoutées et ne seront plus seules.