janvier 7, 2023

Bertrand > Le message de Cervantès

Je pense avoir un défaut principal qui est l’impatience, défaut qui s’oppose à la notion d’apprentissage car j’aimerais que tout aille vite et que tous les problèmes ou envies soient comblés dans des délais les plus courts. Malheureusement, la vie n’est pas ainsi et il faut, comme le disait Cervantes, savoir « laisser du temps au temps ». Je ne m’étalerai pas plus sur ma personnalité car dans notre histoire c’est le seul point dont nous ayons réellement besoin.

Mon histoire commence il y a longtemps, lorsque j’étais tout petit et que j’ai appris à jouer au tennis. J’ai commencé à jouer chez mes grands-parents puis vers mes sept ans mes parents m’ont inscrit au club à côté de la maison. J’aimais beaucoup ce sport mais les premières années d’apprentissage ont été très difficiles. Chaque année j’avais un niveau inférieur aux autres joueurs de mon groupe. J’avais beau faire mon maximum à chaque séance, mon niveau ne s’améliorait pas vraiment. Chaque année je changeais de groupe, donc je pensais que tout irait mieux, mais le résultat était toujours le même.

J’ai donc pris la décision de changer de club. Je prenais mon vélo deux fois par semaine pour aller aux cours. J’en avais pour 30 minutes à chaque fois. Dans ce second club j’ai pu voir des petites améliorations, mais cela restait difficile car le club étant beaucoup plus petit, je jouais contre des personnes beaucoup plus âgées. Quand on est jeune les différences d’âges sont rapidement visibles sur le niveau. Cela se voit particulièrement sur la force physique des personnes. Donc ces années n’ont pas été très concluantes.

Entre mes 12 et 15 ans je suis parti de la maison pour étudier dans une école en France, donc je ne revenais que les week-ends chez moi. J’avais la possibilité de poursuivre les cours de tennis mais découragé par mon niveau, je n’ai pas eu l’envie de continuer. Je trouvais que tant se donner pour si peu de résultats ne servait plus à rien. Donc j’ai abandonné les cours et une passion en même temps.

J’ai donc pratiqué d’autres sports pendant ce temps comme la natation. Je n’aimais pas forcément cette activité, je la faisais plus par nécessité, et pourtant j’avais un bon niveau. J’aurais donc pu choisir la solution de facilité qui aurait été de continuer la natation et oublier mes nombreuses séances de tennis. Mais en y réfléchissant, je ne pouvais pas me passer du tennis qui est un sport très complet car il inclut de la stratégie pour tromper l’adversaire, des qualités physiques car il faut être capable de tenir dans la durée en courant d’un bout à l’autre du terrain. Mais le point le plus important dans ce sport est sûrement le travail sur soi-même. En effet, lors de matchs il faut être capable de garder son calme même lorsque l’on est en difficulté. Je ne pouvais donc pas abandonner ce sport si complet. A côté la natation me paraissait insignifiante. Le seul but était de nager en suivant une ligne. Même si je me forçais à me dépasser et à améliorer mes temps, je ne me plaisais pas vraiment dans ce sport.

L’élément déclencheur qui m’a permis de revenir au tennis a été le déménagement de ma famille en région parisienne. La nouvelle maison était dotée d’un vieux terrain de tennis.

C’était pour moi l’occasion de me relancer dans ce sport. Nous l’avons remis en état pour qu’il devienne jouable et je me suis replongé dans ce sport, plein de motivation. Je proposais à mes amis de venir jouer chez moi. Et contre toutes attentes, mon niveau de tennis s’est très vite amélioré grâce à de nombreuses heures de jeux et à tous les conseils de mes amis. Ils me donnaient des techniques pour parfaire mes gestes et ma stratégie, donc dépenser moins d’énergie tout en mettant mon adversaire en difficulté. Et au bout de trois ans de pratique je battais mes amis qui jouaient depuis des années et qui trois ans plus tôt revoyaient avec moi les bases de ce sport.

Vous me direz que ce n’est qu’une histoire banale d’un jeune homme qui apprend à jouer au tennis. Et pourtant j’ai pu tirer plusieurs enseignements de mon apprentissage de ce sport. Premièrement l’aspect mental durant un match est très instructif. Même lorsque tout va mal et que l’on va tout perdre, il faut savoir garder son sang-froid, ne pas s’énerver et se ressaisir rapidement. Rien n’est impossible tant que l’on croit à ce que l’on fait et que l’on se donne les moyens d’y arriver. Cette mentalité peut s’appliquer à notre vie privée et professionnelle. Nous traversons tous des périodes difficiles, et il faut être capable de tenir les chocs et de savoir surmonter les échecs.

Ensuite, il faut faire ce que l’on aime et non choisir la solution de facilité. Même s’il est parfois difficile d’atteindre nos objectifs, on sera toujours plus fier de sois si on a été capable d’accomplir nos rêves. Au quotidien, entre vivre avec la sensation de se laisser porter par la vie ou d’avoir été capable de se battre pour ce que l’on voulait faire, je conseille vivement d’opter pour la deuxième solution.

Enfin, la pratique du tennis m’a fait évoluer sur mon défaut principal. Je ne peux pas dire qu’aujourd’hui je ne sois plus impatient car ce serait mentir, mais j’ai pu exercer ma patience et apprendre à la contrôler pour arriver à mes fins.

Pour conclure, le moment déterminant où je me suis remis au tennis lorsque mes parents ont déménagé m’a apporté de la confiance en moi et de la détermination qui sont des points essentiels pour avancer dans la vie professionnelle. La morale de cette histoire pourrait donc être que le sport, quel qu’il soit, au-delà de ses qualités pour notre physique, doit être mis en avant dans les écoles et dans le monde du travail car il permet aux individus de s’améliorer.